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J'ai testé kDrive de Infomaniak

J'ai testé kDrive de Infomaniak
kDrive de Infomaniak

J’ai beau être un adepte de l’auto hébergement, viendra un moment où je n’aurai plus forcément envie d’avoir à maintenir tout cela. J’avais déjà entrepris ce changement pour ma boîte mail qui était auparavant hébergée sur mon propre serveur. Etant donné que j’ai une bonne expérience client avec Infomaniak depuis une quinzaine d’années pour un site web, j’ai migré ma boîte vers leur service mail. Nextcloud continuait de faire la synchro des agendas et contacts, mais finalement tout est parti dessus puisque c’est une suite proposant l’ensemble du service. (et que le serveur avait cramé)

Dans la mesure où Nextcloud est un service qui m’est devenu essentiel (mais pas non plus vital), et que je n’ai pas forcément la motivation ou le temps de le maintenir aussi fréquemment que je le voudrais, j’ai commencé à lorgner du côté de kDrive pour voir ce que ça donne. Je vous propose un retour rapide de quelques tests, et à la fin un avis personnel.

Ce billet fera écho à celui écrit en juin dernier sur les alternatives européennes aux géants du Net puisque nous sommes dans un cas concret.

Un peu d’historique

Pour ceux qui ne connaîtraient pas cet hébergeur, voici un peu d’historique. Infomaniak a été fondé en 1994 en Suisse, après avoir été un club de passionnés d’informatique né en 1990. L’entreprise a ensuite bien grandi pour devenir le premier hébergeur suisse en 2003, avec 2 000 sites hébergés. Il s’étend aussi à d’autres types de service en proposant notamment des offres de flux audio et vidéo, devenant alors diffuseur de radio en ligne, y compris pour la France. L’hébergeur web et la gestion de noms de domaine restent son moteur principal. En 2016, Infomaniak revendiquait gérer plus de 200 000 noms de domaines.

C’est en 2020 que l’offre kDrive est lancée, dans une stratégie de mise en concurrence face aux géants américains que sont Google et Microsoft sur le secteur de l’hébergement de fichiers et des solutions collaboratives en ligne. Elle s’inscrit dans une offre globale appelée kSuite qui propose l’hébergement mail, le collaboratif, un service de visoconférence, un service de transfert de fichiers, et un service de partage de texte sécurisé. Chaque composant de la kSuite peut être souscrit séparément.

Si la majorité des services d’Infomaniak sont payants, certains sont accessibles gratuitement comme Mail et kDrive, moyennant quelques limitations. Le test de kDrive se base sur l’offre gratuite du service.

Offres et souscription

Pour démarrer la souscription, il suffit de cliquer sur “Créer un compte” sur la page d’accueil du service. Dès lors, il nous présente les 4 offres proposées.

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Si besoin d’une lecture détaillée de la grille tarifaire, celle-ci est disponible dans la section Tarifs de la page d’accueil. L’offre entièrement gratuite est assez légère, elle ne propose que 3Go de stockage et force le lien avec une adresse “ik.me” qui est le service mail gratuit d’Infomaniak.

Comparons un peu les deux offres “Free” et “Solo”, les autres étant réservées à un public déjà plus professionnel ou collaboratif.

Dans leur cas, le stockage n’est pas extensible. Un feedback utilisateur l’a demandé et c’est en cours d’analyse par Infomaniak. A noter qu’il est possible de souscrire à plusieurs offres en même temps pour un même compte. L’offre solo propose quand même 2To, ce qui est vraiment pas mal là où la Free se sent rapidement à l’étroit avec ses 3Go. L’offre Free permet d’utiliser les diverses clients de synchro, la version Solo propose également l’intégration avec les NAS Synology ou Qnap, ainsi qu’un support du protocole WebDAV pour les cas d’usages voulant se passer de l’appli de synchro (mais c’est peu recommandé par l’hébergeur).

Côté productivité, Free et Solo sont au même niveau à un détail près. Les options de recherche dans le contenu des fichiers et les “boîtes de dépôt” (un espace de dépôt en vrac pour que vos collaborateurs vous envoient directement des fichiers dedans) resteront réservées aux versions Team et Pro. L’option supplémentaire à laquelle Solo donne accès est la possibilité de chiffrer des données avec sa propre clé, mais cette fonction est indiquée comme étant à venir.

En termes de partage et collaboration, Free permet seulement l’édition en ligne des fichiers Microsoft Office (mais aussi OpenDocument Foundation, évidemment) et de générer des liens de partage. Les outils de contrôle de liens de partage, protection par mot de passe, date d’expiration, personnalisation du lien, droits avancés, et dossier de partage communs sont réservés à Solo et plus.

Sauvegarde : Free conserve 30 jours jusqu’à 30 versions d’un fichier, avec redondance des sauvegardes. A partir de Solo, la durée de rétention et le nombre de versions augmente, ainsi que l’ajout d’une possibilité de transférer le propriétaire. Les fonctions de transfert depuis un utilisateur supprimé sont pour Team et plus (logique, Solo étant pour … Une personne).

Statistiques : Free donne simplement l’état d’utilisation du stockage. Solo permet de voir les liens de téléchargement, dossiers de partage actifs, appareils actifs, historique, faire des rapports d’activité.

Support et conformité RGPD : évidemment toutes les offres sont conformes RGPD. En termes de support, Solo donne accès au Chat et téléphone tandis que Free se contentera d’un support e-mail non prioritaire.

Le détail des offres étant vu, nous pouvons aller à la souscription.

En choisissant l’offre Free, il faut alors ouvrir un compte chez Infomaniak. Ou bien rattacher à un existant si vous en avez déjà un. Comme j’ai déjà un compte, je me suis contenté de rattacher.

Interface Web

L’interface du drive

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L’interface web est simple et efficace et n’est pas sans rappeler Google Drive, on sent bien que tout est fait pour qu’un habitué du service ne soit pas perdu.

Lors de la première connexion, Infomaniak vous propose d’activer ou non leur “IA” permettant d’analyser les fichiers pour y appliquer des étiquettes automatiques. J’ai refusé, mais c’est gentil de demander plutôt que de le faire dans le dos des gens ! C’est un point que j’ai toujours apprécié avec cet hébergeur, il est d’une grande transparence et ouverture.

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Le menu en haut à gauche permet d’accéder aux produits de la suite et au manager du compte Infomaniak. On retrouve la même chose à droite avec l’icône en forme de damier, à côté de l’image de profil et de l’engrenage amenant aux options.

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Regardons les options justement. Dans Général, nous pouvons paramétrer le thème visuel (medium colore la barre de gauche en sombre) et la densité d’affichage. Paramètres du kDrive affiche l’état actuel du stockage et le bouton “Gérer mon stockage” renvoie vers les statistiques que nous allons voir juste après. Les “Actions sur mon kDrive” sont majoritairement celles disponibles pour les offres Solo et plus. “Analyse des fichiers” rouvrira la pop-up demandant l’autorisation d’analyser les fichiers pour les étiqueter. En dehors de la couleur (pour distinguer les différents drives rattachés au compte), l’offre Free n’a accès à aucune des fonctions présentes. Le dernier onglet est une liste de raccourcis clavier supportés.

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L’écran de gestion de stockage est simple et rapide à lire, permettant de connaître la consommation d’espace disque par type de fichier.

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L’écran d’import des données permet de le faire depuis plusieurs sources différentes, que ce soit les principaux acteurs du marché, mais aussi des sources décentralisées telles que Next et ownCloud, ainsi que des liens WebDAV.

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L’écran de partage d’un document n’est pas sans rappeler celui de Google Drive.

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L’édition collaborative

Sans surprise, c’est OnlyOffice qui est derrière l’édition collaborative intégrée à kDrive.

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kDrive intègre donc la création de documents texte, feuilles de calcul et présentations. On peut aussi créer des fichiers texte simple, mais derrière il ouvrira l’éditeur de documents d’OnlyOffice, ce qui est un peu overkill.

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Je note qu’en terme de suivi de version, c’est nickel, la version 6.4.0 affichée datant du 26 aout 2021. A vue de nez, ça semble être basé sur l’image Docker.

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Je note comme bémol que créer un nouveau document via le menu “Nouveau” génère des fichiers au format Microsoft Office. Des retours utilisateurs ont demandé la possibilité de pouvoir choisir le format de fichiers par défaut. Ne tentez pas de spécifier l’extension commefichier.odt, il va générer un .docx quand même. En contournement, il faut donc créer le fichier au format OpenDocument Foundation sur un poste de travail et le synchroniser. Ce qui est un peu rébarbatif en soit.

Client de synchro

Passons maintenant aux clients de synchronisation, un élément important pour ce genre d’outils.

Client Desktop

A nouveau, Infomaniak a capitalisé sur de l’existant : leur client est un fork de celui de ownCloud. On peut télécharger le client depuis l’interface du Drive en allant dans “Obtenir les applications”. Un questionnaire vous orientera vers celle adaptée à votre besoin. Ici, nous commençons par la version Desktop.

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Comme on pouvait s’y attendre, le client est fourni sous forme d’un AppImage. Perso je n’aime pas ça, mais bon, faut faire avec. Une fois installé, on retrouve un parcours familier à tout utilisateur NextCloud et équivalent. A noter tout de même que Infomaniak a personnalisé l’interface.

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Hmmm intéressant, l’estimation d’espace disque disponible se base visiblement sur la racine du filesystem. Les 22GB étant le montage /, mon filesystem home disposant de 74GB restant.

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Oui, il y a l’indispensable fonction pour basculer en thème sombre. 👍

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Le client de synchro tourne en arrière plan en tant qu’icône dans la barre des tâches.

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L’écran de paramétrage est un peu plus orienté interface smartphone. Un inconvénient, la fenêtre ne peut pas redimensionnée, on est donc obligé de faire défiler les options. Pas top en matière d’ergonomie sur Desktop je trouve.

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Client Smartphone

Contrairement au client Desktop, l’outil smartphone semble être entièrement développée en interne. La version Android est également disponible sur F-Droid et fournie sous licence GPL V3, tout comme la version iOS.

On retrouve globalement les mêmes fonctionnalités que la version Web ou que le client smartphone d’un Nextcloud. Vous pouvez donc activer la synchro et le mode hors-ligne, paramétrer l’envoi automatique pour sauvegarder des photos, etc.

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La vue par défaut est très visuelle.

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La barre d’action en bas est vraiment bien, on a un accès rapide aux fonctions essentielles.

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Vue du profil et du Drive actuellement utilisé avec les différentes fonctionnalités qu’on retrouve sur la version Web.

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L’édition de document ouvre OnlyOffice dans une vue web.

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Quelques paramètres modifiables. En soit rien de bien révolutionnaire, ça fait l’essentiel.

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Les options d’un fichier avec la possibilité d’activer le mode hors-ligne dessus.

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Avis et conclusion

En termes d’interface utilisateur, Infomaniak n’a rien révolutionné et apporte là une ergonomie empruntée aux autres acteurs du marché. Ce que j’aime dedans, c’est qu’elle est très légère et aérée, tout en proposant déjà pas mal de fonctionnalités. Je trouve toujours que les outils Google sont un bordel innommable en termes d’organisation. Si ceux d’Infomaniak en sont inspirés, ils évitent de planquer au fin fond de sous menus la plupart des fonctionnalités utiles, voire de décourager l’utilisateur d’aller les chercher.

En terme de fonctionnalités, au delà des limitations de l’offre Free, Infomaniak se contente de l’essentiel. On retrouve le même niveau de fonctionnalités qu’un Nextcloud et j’ai envie de dire que ça fait le boulot. Un aspect très appréciable est que l’hébergeur propose de laisser ses suggestions sous forme de boîte à idées. Malheureusement, pas mal sont encore “en revue” tandis que d’autres en cours de mise en oeuvre. Remarque que je tempère immédiatement par le fait qu’Infomaniak est une entreprise comptant à peine plus de 180 employés, sans avoir à rougir en termes de niveau et de qualité de service rapport à plus gros.

Il manque encore pas mal de choses ou de prise en charge de certains fichiers (il y a une demande pour prendre en charge les fichier de Diagram.net, j’ai hâte) et le service ne propose pas encore d’associations à des “applications” comme peut le faire Google Drive avec les applis tierces intégrées. Plusieurs retours utilisateurs vont en ce sens pour demander notamment l’intégration de la lecture d’un Keepass ou de logiciels de prise de note.

Est-ce que je pourrai abandonner mon Nextcloud auto hébergé pour aller dessus ? C’est probable car il répond à des cas d’usage pour lesquels Nextcloud me pose souci (notamment la lecture des photos en RAW dans la Galerie qui n’est plus disponible depuis que l’appli a changé…) tout en apportant une certaine sécurité des données puisque confiées à un hébergeur professionnel et non à un humble bricoleur. C’est donc un point à réfléchir car le serveur dédié sur lequel j’héberge mes services perso (y compris ce blog) a un coût mensuel, bien rentabilisé par la diversité ce que j’ai installé dessus. Mais ça demande aussi du temps en maintenance, un investissement que je n’ai plus forcément envie de faire. Typiquement, le coût de l’offre Solo est de moins de 60€/année, et mon serveur dédié OVH est à 50€/mois.

La réflexion est donc en cours, cela va dépendre aussi du rythme auquel Infomaniak intègre des nouveautés. L’avantage est que je peux conserver l’offre Free et la basculer en Solo le jour où je me décide (ou non).

A l’occasion, je vous proposerai un autre billet sur la suite Mail d’Infomaniak. Dans la mesure où je l’utilise depuis plus d’un an, j’ai donc plus de recul dessus et pourrai vous faire une présentation.


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